Changer de voie professionnelle : entre désir et réalité

7 Nov 2016

Article écrit par Flavienne Sapaly
Mob : 06.82.56.38.99
Mail : flavienne.sapaly@humanart.fr

Coach Accréditée EIA Praticien senior et ESIA superviseur

Organisme de Formation Humanart certifié Qualiopi

Derrière des questions, de choix professionnels se cachent des situations très différentes.

  • Il y a ceux qui sont en grande difficulté, malheureux dans leur vie professionnelle et qui voient le nouveau choix professionnel comme une respiration, une sortie de l’enfer.
  • Il y a ceux qui pressentent qu’ils sont appelés à autre chose et ont du mal à discerner l’appel ou à avoir le courage de quitter les attachements à l’ancien.
  • Il y a ceux, influencés par la société du bien être, qui sont, consciemment ou inconsciemment, sous le dictat « pour être heureux, il faut s’accomplir professionnellement, personnellement, affectivement, sexuellement etc….».

Dans tous les cas, je perçois combien ces questions autour des choix professionnels suscitent des tensions fortes parfois insoutenables, y compris pour des personnes qui ont déjà quitté un premier métier, comme beaucoup de coach.

Comment soulager ces tensions?
Quelles sont les conditions pour vivre ses choix ou ses « non choix » sereinement?

Autant de questions qui m’invitent à partager ce à quoi je crois à l’appui de la parole de quelques grands sages.

Pas de voie idéale pour changer de voie
J’ai fait comme beaucoup de gens font :
Un jour j »ai constaté que je n’étais pas heureuse dans mon travail, j’ai attendu l’insupportable, j’ai décidé de partir avec quelques pistes en tète, je me suis formée, j’ai traversé le désert et les doutes et un jour ce fut la (re)naissance professionnelle.
Pouvais-je faire plus rapide? Moins douloureux? Plus simple?
Surement que oui. Mais pas vraiment non plus.

Je crois aujourd’hui que le chemin que j’ai emprunté était celui qui était fait pour moi puisque c’était le mien. Et je veux croire qu’il en est de même pour chacun.

Que transmettre d’essentiel de ces expériences de changement de voie professionnelle?

Du bon usage des crises
« une bonne crise sert toujours à quelque chose » Anne Harbison

A la source d’un questionnement sur nos choix, il y a souvent une crise, un mal être, une casse : on n’a plus le choix, il faut choisir. Choisir de se mettre en chemin. « Oui mais! …»
Prendre le temps de contempler la crise et ses enseignements est essentiel pour que le choix ne devienne pas fuite. Quel enseignement dois-je comprendre? Qu’est ce qui cherche à naitre (et donc à mourir) suite à cette crise?
Bon nombre de personnes vont résister à cela. Trop douloureux. Mais je sais aujourd’hui que la résistance fait partie du chemin. De même qu’on peut choisir de danser sous la pluie ou la détester, vous pouvez faire de vos crises une expérience fondatrice ou un objet de plainte.

Se sentir acteur de sa vie
« Plus que les conditions matérielles d’existence (…), la condition préalable à l’apparition du sentiment de bien être, c’est la nette sensation d’être maitre de son existence ». Angus Campbell

Le sentiment de puissance et de liberté qui émane lorsque nous pensons être les auteurs de notre vie est un des grands facteurs de bien être. Entre subir et choisir sa vie, il n’y a pas photo. Pourtant, prendre la pleine responsabilité de sa vie fait aussi très peur.
Cette tension est en partie liée à une grande confusion : les personnes confondent le fait d’ assumer que nous sommes responsables de ce que nous vivons et le fait de croire que la détermination personnelle consciente est toujours possible.
Je ne le crois pas, en effet car nous ne sommes pas tout puissant. Mais ceci ne doit pas nous empêcher de voir notre propension à adorer nous endormir dans le bras du « connu ».
Mieux vaut chercher à comprendre le bénéfice que j’ai à choisir de ne pas changer ou ce que j’évite de perdre en choisissant le non choix.

Etre en vérité avec soi
« la vérité sonne à la porte et vous lui dites « va t’en, je cherche la vérité », alors elle repart. » Robert M. PIRSIG (« traité du zen et de l’entretien des motocyclettes »)

Faire des choix est dépendant du niveau de conscience et de connaissance que nous avons de nous même.
Plus je me différencie de la musique familiale et culturelle qui chante à mes oreilles une mélodie de croyances sur la vie et les autres, plus j’accède à la vérité de mon être profond.
Nous croyons nous connaître, mais nous sommes en réalité identifiés à des idées sur nous-même et sur le monde.
Pour se libérer de ces idées et découvrir notre vastitude, Il faut contempler nos pensées, nos désirs, nos relations : suis-je véritablement lucide et en cohérence avec moi?
La routine et l’hyperactivité sont des bons moyens de rester à distance de soi.
Choisir une nouvelle voie passe par un choix fondamental : celui de vouloir se connaître.

Le sens du choix à faire est dans notre présent
« L’avenir est ce que vous faites maintenant » Mahatma Gandhi

Un jour, je suis allée chez une logothérapeute (psychothérapie destinée à responsabiliser l’individu sur le sens de sa vie) avec une question déchirante et insoluble depuis des mois et des mois : devais-je envisager une voie de moniale?
Cette femme a simplement questionné mon actualité. J’ai compris alors que le sens de ma vie était dans ce que la vie me donnait à accomplir dans l’instant : envisager mon désir d’engagement spirituel à partir de mon quotidien, dans l’éducation de ma fille adoptive et la pratique de mes passions.
Nous inquiéter, nous préoccuper de notre futur ne nous protège pas des souffrances à venir, mais le plus souvent, cela nous fait éclipser les pistes du moment présent.
«Voir les choses en germe, voilà le génie » disait Lao TSEU, et cela est vrai de notre potentiel. Tout est déjà là et notre responsabilité est de le voir, de le laisser murir et de l’accomplir en s’accordant au rythme de la vie.

Le moindre effort
« le mouvement doit toujours s’exercer selon la ligne de la moindre résistance ». extrait du Yiking, livre de sagesse chinoise

L’intelligence de la nature prend le chemin du moindre effort : le moindre effort n’est pas le non agir, car la plante chaque matin se redresse en accueillant la sève qui monte en elle. L’herbe n’essaie pas de pousser, elle pousse. Le terreau se constitue de lui-même de sorte qu’une plante est toujours la bonne plante au bon endroit.
Dans notre culture, la logique d’effort, d’objectif à atteindre, d’obstacles à surmonter est commune. Elle nous laisse à penser que l’on n’a rien sans rien. Bien souvent, ce n’est pas l’importance du saut à franchir qui fait l’effort. Ce sont tous les « il faudrait ceci cela pour réussir le saut », et tous les jugements sur nous même, que nous nous rajoutons.
« Choisir une voie professionnelle » est dès lors perçu par beaucoup comme couteux et donc par avance désespérant.
Mon expérience est que les grands choix de vie surviennent au détour d’un événement ou d’une rencontre en temps et en heure. Le choix juste n’est pas effort mais évidence et nécessité.

Marcher un pas après l’autre, le temps d’avoir de nouveaux yeux
« un voyage de mille lieux commence toujours par un premier pas » Lao tseu

Choisir une voie professionnelle et s’y accomplir peut demander du temps. Sortir notre cerveau de sa routine pour qu’il ouvre de nouvelles connexions prend du temps.
Changer est un processus d’ajustement permanent entre les désirs et le réel. Et le réel est parfois beaucoup moins sexy que nous le voudrions. Dès lors nous apprenons la patience. Nous apprenons à dire « oui » au réel et le laisser nous transformer.
Ce temps est nécessaire car là où nous cherchons de nouveaux paysages, nous allons apprendre à avoir de nouveaux yeux. Porter l’intention d’un projet dans son coeur est un acte de sagesse. Porter attention aux signes qui rendront ce projet réalisable le féconde.
Porter Intention, Attention et faire un pas d’action, c’est déjà l’accomplissement.

Choisir sa voie, c’est accomplir son « essence »
« A tout moment, vous avez le choix entre la voie qui vous rapprochera de votre moi spirituel et celle qui vous en éloignera. » THICH Nhat Hanh

Plus nous avançons vers nous même, plus nous sommes sensibles et désireux d’être à notre juste place. La raison à cela, est qu’il devient perceptible que nous avons quelque chose à faire de notre vie. Cet appel plus ou moins clair selon les personnes nous pousse à grandir.
Cette part de nous qui cherche à s’accomplir c’est notre « essence », notre contribution unique au monde.
L’homme prend conscience qu’il est un mutant qui a le pouvoir d’accomplir sa singularité en se différenciant et qu’en agissant ainsi il oeuvre pour la communauté des hommes.
Là où certains pourraient croire qu’il est égoïste de faire des choix de vie pour son accomplissement personnel, d’autres vous dirons qu’il s’agit de notre devoir d’humain et que cela est éminemment spirituel.

Lève toi et marche!
« Visez la lune, même si vous la manquez vous vivrez parmi les étoiles » Les BROWN

Il n’y a pas de plus beau voyage que celui vers nous même, et notre épanouissement professionnel a toutes les raisons d’être possible lorsque nous cheminons avec authenticité.
A tous ceux qui ont peur ou doutent encore, je souhaite de connaître la joie de se sentir en chemin et d’avancer avec confiance. Il ne s’agit pas d’une foi aveugle nous amenant à penser que tout ira bien parce que le ciel est là, non, il nous est demandé de cultiver notre croyance qu’une manière d’être au monde, plus vivants et vibrants est accessible à tous.

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