Une crise survient comme un imprévu, une panne brutale, un choc sans préavis. Elle appelle des actions et des choix rapides qui portent en eux une composante d’urgence pour répondre à des besoins prépondérants de sécurité, voir de survie.
Le chaos (étymologiquement « avant le création du monde ») est ce moment où incertitude et instabilité s’épousent. On n’est plus dans l’œil du cyclone de la crise, mais un peu avant ou un peu après, et parfois, pour un temps durable. Ce sera peut être le temps d’une crise économique ;
Face au chaos, les choix sont des directions à prendre, des renoncements à faire, des créations à oser.
Qu’il s’agisse de crise ou de chaos, il n’y a pas de retour en arrière possible.
Il y a un avant et un après.
C’est un passage, dans lequel chacun peut choisir entre : Attendre ? ou avancer ?
Loin de moi, une quelquonque idée préconçue de ce qu’il serait bien ou mal de faire.
Tout dépendra de votre réponse intime à la question : « Qui en moi fait ces choix ?»
A l’époque actuelle j’observe, différentes attitudes.
-Il y a les personnes qui déjà anticipent le déconfinement, se préparent, initient, créent etc… Et parmi ceux là, il en est qui ont peut être pris le temps de se poser pour réfléchir (étymologiquement mettre un genou à terre à nouveau), de mettre en forme des projets enfermés depuis longtemps et d’autres qui sont sur les starting block pour reprendre là où ils en sont restés ou pour « s’adapter parce qu’il le faut bien ».
Qui choisit ? la part ambitieuse ? la part anxieuse ?
-Il y a aussi les personnes qui choisissent d’attendre, ne bougent pas ; tout du moins pas extérieurement : et parmi celles là, certaines sont inhibés par la peur, d’autres au contraire le font consciemment pour prendre le temps d’accueillir la situation et d’écouter l’appel de la direction à prendre.
Qui choisit ? la part terrorisée ? la part sage ?
Traditionnellement, notre société promeut et admire les premiers.
On admire les actifs, les promoteurs, les optimistes, les gagnants, les battants, les résilients.
Or ce dogme de « l’agir » est souvent une illusion défendue par les « EGOnomistes ».
Un dogme qui fait douter, juger ou culpabiliser ceux qui n’y sont pas.
Or il se trouve que dans le chaos que nous traversons, le sort de notre avenir dépend des actes de chacun.
Et pour cela nous avons deux options : fuire ou faire face et accéder à un espace de nous auquel nous n’avons pas encore accédé.
Comment faire un choix qui contribue au sort de notre avenir ?
Nous pouvons déjà commencer à mettre de la conscience sur les motivations véritables de nos choix. Sans culpabilité.
Sur la notion de choix, Will Schutz, dans l’approche Elément Humain, nous invite à envisager que notre choisissons dans tous les cas, consciemment ou inconsciemment.
Quelque- soit notre choix, attendre ou avancer, nous pouvons nous demander ce que nous gagnons en choisissant ceci ou ce que nous évitons en choisissant cela.
Notre choix ous permet –il d’avoir la paix ? la reconnaissance d’autrui? le confort des habitudes ? vous évite t-il des peurs ?
L’Abbé Pierre nous propose une autre façon d’envisager nos choix « La vie est plus un consentement qu’un choix. On choisit si peu. On dit oui ou non au possible qui nous est donné. La seule liberté de l’homme, c’est de laisser la voile tendue… ou de la laisser choir. Le vent, lui, n’est pas de nous. « .
Ainsi est la voie de la chenille. Elle ne choisit pas de devenir cocon et ignore tout de son destin de papillon, mais elle dit « OUI » à un processus qui la dépasse.
Attendre pour dire OUI à ce qui se présente est un choix possible.
Si nous regardons maintenant ce que nous enseigne symboliquement le grand passage de Pâques, comme les mythes qui de tout temps parlent de notre humanité, au delà de toutes les religions, nous apprenons d’autres choses.
La pâque juive est ce grand passage de crise et de chaos où le peuple d’Israël a quitté sa condition d’esclave en Egypte pour suivre l’appel reçu par Abraham « quitte ton pays et va vers toi ».
Choisir est ici un mouvement de « quitter » pour se libérer, le pharaon pouvant symboliser notre mental, dont la société est largement esclave.
Le choix juste est alors celui qui nous mène plus loin vers nous même et passe par la séparation d’avec nos jugements habituels, nos certitudes, nos identifications (« Je suis comme cela »), nos conditionnements de victime, les devoirs qui nous empêchent d’être pleinement dans notre essentiel (« essence ciel »).
La pâque chrétienne, si on la regarde comme un processus intérieur, nous propose un chemin plus précis encore ; pas besoin de croire. Cela dépasse la notion de vérité historique. C’est une expérience que plusieurs font depuis toujours, d’où qu’ils viennent, sans avoir besoin d’être le Christ. C’est accessible à tous. C’est notre job.
Un parcours en trois temps de choix clés pour aller vers cette « renaissance » intérieure, ce réveil individuel nécessaire au réveil collectif.
• Le temps du dernier repas et du jardin des oliviers : se rassembler, entendre l’annonce d’une fin, prendre conscience que plus rien ne sera comme avant, l’accepter, et rester en éveil
• Le temps du sacrifice (étymologiquement « faire du sacré ») : oser demeurer (« là où le deux meurt ») dans l’inconfortable de nos vies pour faire face à nos douleurs
• Le temps du tombeau : oser le silence, le rien, au sens oriental du « non vouloir » et « non agir », qui ne veut pas forcément dire ne rien faire mais être dans une écoute active.
Je conclurai avec cette magnifique question de Isabelle PADOVANI
« Sommes nous prêts actuellement à « faire le job » ?
Et le job, ce n’est pas essayer de changer les autres, ce n’est pas rechercher des coupables, ce n’est pas se barrer dans les nimbes de l’angélisme.
Le job, c’est de briser la coquille du moi pour que les ailes de la conscience puissent se déployer. » Isabelle PADOVANI
Alors vous avez le choix : celui des choix vivants pour vous et pour la vie ou celui de simplement savoir ce que vous ferez dans la vie?