Dans l’immensité de l’océan entrepreneurial, je rencontre des capitaines, gênés dans leur navigation par les deux créatures des flots que sont la honte ou culpabilité. Nées des profondeurs de l’âme, elles sont comme un empêchement à « être », à mettre en acte intuitions et désirs et à oser son impact.
Les Origines de la Honte et de la Culpabilité
La Honte : Le Poids du Jugement
La honte surgit souvent des profondeurs du jugement – celui des autres et celui que nous portons sur nous-mêmes. Les dirigeants se sentent souvent observés, évalués, et mesurés à l’aune de leurs succès et de leurs échecs. La peur de ne pas être à la hauteur des attentes, de décevoir ou de paraître inadéquat nourrit cette honte. Elle devient un fardeau silencieux. En parler, c’est la honte ! Elle empêche d’être soi et impacte les prises de décisions.
La Culpabilité : La Vague du Devoir
La culpabilité, elle, naît du sentiment de responsabilité et du devoir non accompli. Pour un dirigeant, chaque décision porte le poids des conséquences sur les employés, les partenaires, et l’entreprise entière. Lorsque les actions prises ne produisent pas les résultats escomptés, ou pire, causent du tort, la culpabilité s’insinue, rappelant constamment les normes morales et professionnelles non atteintes.
« La culpabilité est la rouille des âmes. Elle ronge l’esprit et le cœur, empêchant l’épanouissement et l’action créatrice. » Carl gustav Jung
Conséquences pour le Navire
Lorsque le capitaine vit la honte ou la culpabilité, tout l’équipage en devient otage. Le navire devient lourd et hésitant. Les marins, observant leur leader se débattre avec ces spectres, sont eux-mêmes pris dans une toile de doutes et de silences.
L’innovation se fige, la collaboration se tarit. Le navire, au lieu de voguer vers de nouveaux horizons, dérive lentement vers des eaux stagnantes.
Le dépassement : un enjeu transcendant.
Pour dépasser la honte et la culpabilité, il est essentiel d’intégrer une dimension de nature plus spirituelle que psychologique. Le « péché originel » a hélas été très mal interprété et son message détourné de son sens profond. « Transcender » ces fléaux destructeurs implique de sortir de l’espace où l’on se considère comme le seul responsable, à l’origine de soi et de tout. Il s’agit de s’ouvrir à trouver en soi un regard d’amour et de compassion se poser sur nous-même.
S’ouvrir à la compassion et au pardon à soi
Accueillir la compassion et le pardon, c’est reconnaître notre humanité dans toute sa fragilité et sa grandeur. C’est regarder nos erreurs non comme des poids mais comme des pierres précieuses, polies par le temps et l’expérience, pour nous pousser à évoluer. C’est accepter que, malgré les tempêtes, chaque capitaine reste un être humain, faillible et que l’erreur et l’épreuve ont vocation à dévoiler le magnifique de la nature humaine.
« La honte est une émotion qui peut nous enseigner à travers nos erreurs et nos vulnérabilités. » – Brené Brown
Se Libérer des Poids Inutiles
La honte et la culpabilité nous rappellent que nous sommes des êtres en constante évolution. Et évoluer c’est sortir des « obligations » et des représentations binaires du bien et du mal. C’est un acte courageux, car pour se différencier des devoirs et jugements qui nous ont construit, il nous faut souvent nous séparer de certains environnements devenus inadaptés. Le prix à payer peut passer par une certaine solitude. Au moins un temps. Le temps de trouver en soi, puis auprès d’un environnement, un espace où l’on peut être accueilli, tel que l’on est. Faillible.
‘Il n’y a qu’un chemin vers le bonheur, c’est de cesser de se tourmenter à cause de choses qui ne dépendent pas de notre volonté.' » Epictète
Un acte de foi
Cette libération passe par un acte de foi en soi-même et en son équipe. Avoir foi que, malgré les tempêtes, et les vulnérabilités de chacun, le navire trouvera toujours son cap. Avoir foi que le capitaine et les membres de l’équipage seront d’autant plus capables de naviguer dans des eaux tumultueuses, qu’ils ont la sagesse de se libérer du regard des autres, des engagements trop lourds, et des lois sociales trop binaires. Quitter le « personnage » qui veut être un « homme de bien » pour aimer la nature « ombre et lumière » que nous sommes tous.
« Personne ne peut vous faire sentir inférieur sans votre consentement. » – Eleanor Roosevelt
Une Nouvelle aube
L’époque actuelle se prête à la traversée de tempêtes. Il est temps que chacun mène son bateau hors des carcans que l’on s’inflige sous le jugement de soi ou des autres. En intégrant ces dimensions, les dirigeants deviennent des capitaines capables de guider leur navire à travers les eaux les plus tumultueuses avec empathie et souplesse.
Bon vent Capitaines ! et que chaque vague devienne une note dans la symphonie infinie de votre voyage….