Quel est ce désir de vouloir sauver l’homme et/ou la planète?

26 Nov 2024

Article écrit par Flavienne Sapaly
Mob : 06.82.56.38.99
Mail : flavienne.sapaly@humanart.fr

Coach Accréditée EIA Praticien senior et ESIA superviseur

Organisme de Formation Humanart certifié Qualiopi

(Photo de Eric Champain, coach interne)

En ce moment, je rencontre plusieurs personnes qui ressentent un appel à « faire de grandes choses » parce qu’il y a de « grands besoins » : œuvrer pour l’écologie, la paix, les femmes battues, lutter contre la pauvreté, l’inclusion du handicap…

Et quoi de plus naturel que d’avoir envie d’être utile, de contribuer, surtout quand on connaît les enjeux actuels économiques, sociaux et écologiques !
Les associations et les institutions caritatives ont longtemps joué ce rôle.

Mais, ce qui est, pour moi, nouveau, c’est le constat flagrant de l’augmentation du nombre de cadres, et aussi des coachs professionnels qui envisagent de consacrer leur vie professionnelle à ces causes, à défaut de quoi ils auraient le sentiment d’être passé à côté de leur « contribution au monde ».

Et c’est là que je questionne ce désir !

Certes il y a la quête de sens.
Mais, il y a aussi souvent une confusion entre contribuer, aider et réparer.(voir note de bas de page)

-Contribuer n’est pas la même chose qu’aider.
L’aide est basée sur l’inégalité́. Quand j’aide je suis conscient de ma force. J’aide un moins fort. C’est une relation de type un en haut, un en bas. Le pire est quand cette aide vient d’un mental « spiritualisé » qui agit au nom du « devoir » aimer, servir son prochain.
Alors que, je ne contribue pas avec ma force mais avec tout de moi : mes expériences, mes limites, mes blessures, mes qualités et mes ténèbres etc… C’est un élan qui me dépasse.
Aider engendre une satisfaction pour celui qui donne et une dette pour celui qui reçoit.
Contribuer donne un sentiment de gratitude, pour les deux.

-Contribuer n’est pas réparer car lorsque j’entreprends de réparer quelque situation dramatique, je juge. Je juge non seulement la situation mais surtout le système responsable, qui est vu comme insuffisant pour s’occuper de telle ou telle cause.
Mon action se veut réparatrice quand elle se substitue à ce qui n’est « pas bien pris en charge par le système ».

Derrière aider ou réparer, se cache cela souvent une colère ou une peur mal assumée à laquelle se préfère la position du sauveur, plus vertueuse.

Et quand certains ont conscience que d’autres personnes agissent par inconscience, ils se jugent de juger (au nom du « non-jugement »), si bien qu’au lieu de combattre ou de confronter, ils préfèrent sauver.

Qu’est-ce qu’on a rendu si précieux, qui fait que l’on choisit d’être vertueux plutôt que de s’autoriser la colère ou d’embrasser sa peur ?

Ces positions nous renvoient à des jugements sur nous-même souvent extrêmement archaïques : « je dois ma vie à quelqu’un » ou « je dois rendre car je suis « trop » ou « pas assez ». A cela, nous répondons en nous imposant d’être exceptionnel. Mais en tant qu’êtres limités, le résultat obtenu pour la cause s’en trouve « insuffisant ». Ce qui nous prouve à nouveau qu’on n’est « pas assez ». CQFD
En voulant être une ressource mais en « prenant sur soi », on finit par détester le monde et soi-même ;

Si vous voulez, contribuer, contribuez vraiment.
Le besoin de contribution n’est pas un élan altruiste. Il nous procure de la joie. La joie de recevoir comme fruit de la contribution, la reconnaissance, l’estime de soi, l’admiration à laquelle nous aspirons.
Ayons seulement l »honnèteté de regarder en vérité d’où vient pour élan pour « contribuer », « aider » ou « réparer » une cause.
« Tu veux un monde meilleur, plus fraternel, plus juste? Eh bien commence à la faire : qui t’en empêche? fais le en toi et autour de toi, fais le avec ceux qui le veulent. Fais le en petit, et il grandira ». CG JUNG (2)

Et notre vérité de fond est à regarder avec beaucoup de tendresse.
Car c’est souvent le lieu d’une de nos plus grandes vulnérabilités.

1- Note : je m’inspire ici d’un texte de Rachel Ramen que j’ai revisité
2- « L’homme à la découverte de son âme » CG JUNG, ed Albin Michel

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