MARCHER DANS LE DÉSERT
Le regard perdu sur la ligne d’horizon toujours plus inaccessible à chaque pas, marcher dans le désert nous déplace hors du temps et de l’espace.
Délivrés un instant de l’étreinte étouffante des préoccupations ordinaires et des pensées qui les alimentent
L’existence nue révèle sa splendeur et sa valeur infinie.
Intensité vibratoire.
Il n’y a pas ici un pouce de surface agressive.
Pas de place pour le doute ou la guerr.e
Rien qu’un paysage soyeux fait d’innombrables plis et rides ondoyants dans une modulation incessante qu’imitent les dromadaires qui vont l’amble.
L’échos d’une douceur intérieure telle que la main d’un maître l’eut peinte dans une œuvre ton sur ton, d’un ocre indéterminé à un ocre flamboyant.
Et pourtant!
Tout semble appartenir à un ordre que l’art même le plus élevé est impuissant à exprimer.
Un continuel changement ancré dans une stabilité horizontale nous ouvre à un percevoir qui voit au-delà du biologiquement ou socialement utile.
Les traces sur le sable deviennent des hiéroglyphes vivants.
La plus infime plante révèle tout le sel du miracle de la vie.
Tout ici soigne, apaise, purge.
Sous le gouvernement du roi soleil qui chaque nuit laisse son pouvoir au firmament des étoiles.
Sortis des considérations utilitaires du monde, de l’affirmation du moi, de l’assurance outrecuidante, des mots exagérément prisés et des idées idolâtrées.
Nous repartons avec le sentiment d’être une partie fragile de l’ordre divin des choses.
L’envie de nous contenter simplement de regarder les choses telles qu’elles sont.
Et cela suffirait!