Au nom de la « réussite », de « l’accomplissement », du « bien être », chacun s’efforce de « progresser » pour devenir un « bon manager », « un bon parent », « un homme épanoui, bienveillant, inspirant » etc….
Les magazines nous fournissent les 10 clés du succès, et nous rappellent au bon souvenir de Socrate « connais-toi, toi même », et de Nietzche « deviens qui tu es »
Mais comment définit-on qui nous sommes?
« L’identification à nos masques sociaux »
Dans un premier temps on se compare de sorte à pouvoir se définir « comme ces autres qui sont des gens bien » : on se désigne alors par nos rôles, nos diplômes, nos réalisations, notre corps, notre intelligence, notre culture, nos connaissances, nos possessions, nos relations, notre santé etc…
Cela nous rend visibles, nous situe par rapport aux autres. C’est ainsi que nous avons le sentiment que « nous sommes quelqu’un » … jusqu’au jour où on perd l’un ou plusieurs de nos objets d’identité et où nous ne nous sentons plus rien.
« L’identification à nos personnalités »
Alors pour mieux se connaître, on a mis à notre disposition des profils de personnalité plus ou moins dynamiques.
Je suis épatée (mais aussi agacée) par le succès de ces approches en entreprise.
Force est de constater l’engouement que la plupart d’entre nous avons à découvrir que notre profil rouge est en difficulté avec les profils bleus, d ‘identifier les bonnes raisons qui font que notre type ENFP supporte mal le patron qui est ISTJ, de comprendre que nous sommes persévérant en phase rebelle etc…
La drogue du « dis moi qui je suis » fait le bonheur des coachs et formateurs en la matière. Alleluia.
Seulement voilà !
Ces « cases » d’identification qui nous donnent des clés sur notre fonctionnement, ne nous aide pas forcément à changer.
Voir pire ! plus nous nous caractérisons, plus nous ancrons des idées sur nous mêmes qui se vérifient tant nous y croyons.
« L’identification à nos perceptions et ressentis »
Les RH proposent aussi des sessions de travail pour mieux appréhender notre intelligence émotionnelle afin d’entrer en connexion avec nous même et les autres.
Parfait. Une vraie aide dans la connaissance de nous, la gestion du stress, la résolution des conflits, la chasse au burn out.
Seulement voilà !
La sacralisation du « ressenti » autorise certains à prendre « pour de vrai » ce qu’ils ressentent. Et comme nous tournons en boucle avec les mêmes pensées qui provoquent les mèmes ressentis, qui créent la même réalité, nous restons collés à nos habitudes de perceptions et vivons toujours plus de la même chose.
Tout cela en réalité nous éloigne de qui on est.
« Qui sommes nous et que reste t-il au delà de ces idées sur nous mêmes ? »
Quel beau mystère. Sommes nous seulement un cerveau et notre corps ?
Et il n’y a pas un seul chemin pour le découvrir.
« Aller vers soi » c’est apprendre à s’accepter tels que nous sommes. Tout nus, nous pouvons être tout et son contraire. Unique à la fois.
« Aller vers soi » c’est prendre le risque de la vie en osant nos en-vies, nos contradictions, nos doutes. Cela suppose donc confiance en nous et en la vie.
Cette confiance en nous et en la vie, on la trouve quand on apprend à accepter l’échec : L’échec nous pousse à expérimenter la vie avec nos failles et nos fragilités pour y trouver la bonne place alors que la réussite nous pousse à nous identifier aux succès et à nous perdre.
Cette confiance, on l’apprend dans le renoncement : renoncer à la reconnaissance par les autres des images de nous qu’on tenait tant à révéler.
Cette confiance on l’apprend dans la solitude, pas celle de l’isolement, mais celle du face à face, du front à front avec nos vides, nos crises, nos désirs fragiles, nos ombres : c’est au cœur de cela qu’on élabore son être en devenir.
« Pour se connecter, il faut d’abord s’asseoir (…), nous dit le docteur Joe Dispenza,(…) et le plus difficile sera de rester assis, car votre corps va vouloir se lever».
Avoir le courage d’être soi-même
Quand la confiance est présente alors on devient libre : être libre ce n’est pas « faire ce que je veux quand je veux comme je veux » mais c’est être libre des schémas dont notre société, nos entreprises, nos modèles, nos familles nous ont abreuvé.
Alors seulement, on s’intéresse moins à sa personne et on peut se connecter à plus grand que soi, œuvrer pour le bien commun.
Ce que nous sommes est beaucoup plus grand que ce que nous croyons de nous même, ressentons et que tous les profils de personnalités pourraient dire de nous.
Comment oser l’être pleinement ?
Martin Luther King nous offre une voie
« Monter la première marche avec foi. Nul besoin de voir l’escalier. Simplement monter la première marche »